Le vendredi 11 octobre, une découverte inattendue est signalée au MOBE (Muséum d’Orléans pour la Biodiversité et l’Environnement) : un site paléontologique d’une grande valeur a été mis au jour dans le sud du Loir-et-Cher, mais le temps presse. L'autorisation de fouille se termine dans quelques jours et un projet industriel menace de détruire ces précieux fossiles si leur extraction n'est pas effectuée à temps.
Cette découverte est survenue lors d’un diagnostic archéologique mené par l’INRAP, mandaté par le Service Régional d’Archéologie (SRA), en amont de la construction d’un site industriel. Pour ce faire, des tranchées ont été creusées de part en part des 12 hectares de terrain. C’est dans l’une de ces zones, à 80 cm de profondeur, qu’un niveau composé de sables mélangés à de l’argile, a révélé des fossiles de grande taille, immédiatement extraits par les archéologues.
L'archéologie s'intéresse aux périodes récentes de l'histoire où les espèces humaines étaient présentes, tandis que les découvertes antérieures relèvent de la paléontologie. Ainsi, lorsque les premiers fossiles sont découverts, les archéologues contactent immédiatement les paléontologues, qui, à leur tour, informent le MOBE. C'est le début d'une véritable course contre la montre : l'autorisation de fouilles expirant dans quelques jours, tout ce qui ne sera pas extrait d'ici là risque d'être détruit. Le MOBE réagit rapidement et, avec l’appui des muséums de Bourges et Châteaudun, organise une mission de diagnostic. Le 15 octobre, quatre spécialistes se rendent sur site pour évaluer son potentiel et rassembler les informations nécessaires à la décision de poursuivre des fouilles intensives dans les jours suivants.
Sur place, les fouilles s'avèrent délicates : la nappe phréatique affleure, détrempant les couches sédimentaires, et rendant indispensable un pompage des niveaux concernés. De nouveaux ossements sont rapidement découverts, bien qu'ils semblent assez dispersés. Face à l’intérêt du site paléontologique, les scientifiques sollicitent l’autorisation de poursuivre les fouilles pendant quelques jours supplémentaires.
Le 16 octobre, une technique de plâtrage a été employée pour prélever trois mottes comprenant des os fracturés. Cette technique de prélèvement permet de préserver les connexions éventuelles entre les différents morceaux. Ces blocs seront ensuite transportés en laboratoire pour y être étudiés dans des conditions optimales. Par ailleurs, des sédiments seront également recueillis et tamisés au laboratoire du MOBE, dans l'espoir de retrouver des micromammifères, tels que des rongeurs.
À ce stade, le site a révélé des restes appartenant à deux espèces que sont le rhinocéros fossile et un ruminant fossile. Des analyses plus approfondies, menées à l’issue des fouilles, permettront de confirmer et préciser ces identifications.
L’intérêt de cette découverte réside surtout dans les nouvelles perspectives qu’elle ouvre. Ce gisement appartient à un niveau fossilifère bien connu des paléontologues, appelé « sables de l’Orléanais ». Alors qu’il était considéré que ces niveaux n’étaient pas fossilifères dans le sud du département, trouver ces fossiles dans le sud du Loir-et-Cher permet donc d’envisager de nouvelles prospections, avec l’espoir de faire de nouvelles découvertes.