Oui, c’est une forme de théâtre très moderne, avec une mise en abîme voulue par Ladislas. Le spectateur se retrouve du côté des coulisses, à vivre au milieu de cette troupe. L’autre aspect novateur est l’alternance entre les chansons mélodiques et le slam. Il n’y a plus de dialogue comme dans mes précédents spectacles. Cela donne une musicalité et en même temps un dynamisme. On chante, on slame, il y a un rythme incroyable. Le spectacle file à cent à l’heure, on ne voit pas le temps passer. Les gens sortent heureux, ils pleurent à la fin, mais d’émotion, pas de tristesse. C’est un show qui fait du bien. C’est pour cela qu’on bat des records, certaines personnes ont vu le show 20 ou 25 fois !
Vous êtes numéro 1 des ventes et ajoutez des dates supplémentaires un peu partout.
Nous sommes encore premiers des ventes de spectacles, tous genres confondus, aujourd’hui. Ce qui est fou, c’est que le démarrage a été très difficile. Au départ, le spectacle s’appelait Molière, l’opéra urbain. Nous nous sommes rendu compte que cela donnait une fausse idée du spectacle. Certains pensaient que c’était du rap alors qu’il n’y a pas de rap dans Molière ! Il y a des chansons et j’ai juste remplacé la narration par du slam ! Cela donne un côté opératique moderne. Nous avons donc changé le nom et tout a changé (rires).
Votre casting est très hétéroclite, avec notamment un ancien gagnant de The Voice.
Lors de l’étape des castings, Bruno Berbérian - mon casteur depuis les tous débuts en 2002 - avait interdiction de me dire d’où venaient les candidats, ce qu’ils avaient fait avant. Quand j’ai entendu chanter Abi pour la première fois, j’ai eu des frissons. J’ai réalisé de suite qu’il pouvait incarner le méchant à la perfection, un méchant très attachant, comique. C’est rare d’être capable de donner une émotion folle et en même temps de provoquer le rire. Dans le spectacle, il est génial. Après le casting, on m’a dit qu’il avait gagné The Voice. J’ai répondu, « tant mieux ou tant pis ! » A chaque fois, je ne veux rien savoir sur les artistes afin de ne pas être influencé. Un peu comme à l’époque de la Nouvelle Star où je fermais les yeux quand les candidats chantaient pour la première fois afin de ne pas être influencé par ce que je voyais, être seulement dans l’émotion.
Il se trouve que The Voice est un vivier de talents aujourd’hui. Nous avons aussi Vike, quelqu’un de très généreux, d’incroyable. J’ai la chance d’avoir un casting exceptionnel, avec de très belles personnes. On est devenu un phénomène sur Tik Tok. Il y a des centaines de vidéos. On voit un attachement très fort du public envers le casting. C’est une grande chance.
Vous avez été un précurseur du genre en France avec Les Dix commandements.
Au départ, je n’étais pas un fan des comédies musicales de Broadway. L’image que j’en avais était ancienne, un peu vieillotte. Ce qui n’est plus du tout le cas aujourd’hui, Broadway a complétement changé, s’est réinventé en devenant extrêmement moderne et percutant. Donc, à la base je n’étais pas un fan. Mais j’adorais les grandes productions de Robert Hossein au Palais des sports, ses fresques historiques grandioses comme Jésus était son nom ou Angélique, marquise des anges. Par contre, il me manquait la musique dans ses spectacles. Starmania et Notre Dame de Paris ont donné le top départ des comédies musicales à la française. Quand l’idée des Dix Commandements est venue, nous avons passé un cap. Nous avons créé un grand spectacle à la Hossein avec des décors grandioses en y intégrant de la musique actuelle. Ensuite, dans l’optique d’exporter nos spectacles à l’étranger, de rendre les histoires plus lisibles, nous avons eu l’idée d’insérer pour la première fois des dialogues au moment du Roi Soleil. Mais en conservant toujours cette « french touch » avec des grands décors, des costumes somptueux, des tubes modernes. Mozart a repris les mêmes codes avec le côté disruptif du rock. Idem pour 1789 et La Légende du Roi Arthur.
Ce que j’adore, c’est ajouter de l’humour, des anachronismes, revisiter l’histoire avec l’œil d’aujourd’hui. C’est ma patte ! Dans Molière, il y a de nombreux anachronismes. On rit énormément.
Avez-vous conscience que vos spectacles font partie de la vie, des souvenirs des gens ?
Oui et cela me bouleverse tous les jours. Je reçois beaucoup de messages de remerciements. J’ai l’impression que nos spectacles font du bien aux gens et qu’ils les touchent émotionnellement. Nous abordons des thèmes universels. Il y a une jeune fille qui m’a dit un jour qu’un de mes précédents spectacles l’avait sauvée... Elle s’y était accrochée, elle avait vécu à travers cette comédie musicale durant toute son exploitation et cela l’avait empêché de faire une bêtise à l’adolescence… C’est vrai que nous avons beaucoup d’adolescents qui vivent les aventures avec nous, qui nous suivent du début à la fin. Molière déclenche vraiment ce phénomène. Le nombre de jeunes spectateurs est incroyable. C’est la première fois que nous avons autant de générations dans la salle : des enfants de 7-8 ans, des ados, leurs parents, leurs grands-parents. C’est très familial. D’ailleurs, les personnes âgées nous disent à la sortie qu’ils ont adoré ce format moderne, que cela les rajeunit. Je me rends compte aujourd’hui combien ces spectacles sont rentrés dans la vie des gens, font partie de leur vie.
Propos recueillis par Emilie Cuchet
Molière au Zénith d’Orléans
Le 1er juin à 15h et 20h30
Le 2 juin à 15h
Billetterie